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Univers celtique

des récits poétiques
  c13artistique - toutes les libertés d’une appréciation poétique des récits de la Guerre de Troie

 

Définir les formes d’esprit celtiques pourrait certainement se faire en les opposant au rationalisme factuel d’un classicisme gréco-romain. Tel ne sera pas le cas de ce premier chapitre, car on essaiera de promouvoir ce qui convient, pour des formes celtiques, dans des textes issus de l’Antiquité Grecque : on voudra y voir, à travers l’ambiguïté de différentes suggestions, toutes les libertés d’une appréciation poétique débridée.

 

Convenons d’un récit, connu pour glorifier les clans les plus bagarreurs, l’Iliade, d’Homère, qui raconte la Guerre de Troie en vingt-quatre chants. Les deux premiers chants introduisent un contexte, qui est celui d’une rivalité préexistante comme cela se fait parfois, entre un clan, celui des Argiens, mené par Agamemnon, et un autre, celui des Troyens, anciennement mené par Priam, puis ses deux fils Pâris et Hector. Le troisième chant raconte comment la Belle Hélène est arrachée de force à Ménélas, frère d’Agamemnon, et emmenée pour devenir femme de Pâris : les Argiens se saisissent en cela d’un motif de guerre, laquelle fait la consistance des différents chapitres de l’Iliade.

 

C’est ainsi qu’apparaissent, dans les strophes du sixième chant, toutes les facettes de l’ardeur au combat du vaillant Hector ; on y perçoit sa bravoure de chef, dans les préparatifs auprès des siens ; il reçoit l’expression de la confusion bien naturelle de sa belle-sœur, la belle Hélène, dans le palais troyen ; et surtout, il retient les larmes de son épouse Andromaque, par l’assurance qu’il présente de pouvoir conduire les manœuvres. La glorification des ardeurs guerrières s’impose comme une évidence nécessaire.

 

Dans la traduction ainsi produite, des strophes 185 à 190 du huitième chant de l’Iliade, dans la Collection de la Pléiade, Hector s’adresse en ces termes à ses chevaux : « Xanthos, Podarge, Ethon, et toi, divin Lampos, le moment est venu de me payer des soins que vous a si souvent prodigués Andromaque, fille d’Eétion : elle vous servait le doux froment et mélangeait le vin quand vous désiriez boire […] Allons ! continuons la poursuite. »

 

Finalement, on ne manquera pas de déplorer le funeste destin du vaillant Hector, et la profonde tristesse de son épouse Andromaque. Ainsi se présente une histoire dont on connaît l’issue tragique pour les Troyens : la narration, qui en était faite en grec ancien incluant des véritables développements équestres, gagnera bien certainement des aspects plus universels, en introduisant l’ensemble des formules d’osmose qui peuvent prévaloir entre les humains et certaines réalités animalières en général.

Entre terres et mers
c13artistique – entre terres et mers, les authentiques métamorphoses qui se rapportent aux différentes conditions

 

Dans une mise en forme ordinaire des thèmes celtiques, on souhaitera probablement reconnaître les échancrures d’un littoral, où peuvent se conjuguer les saveurs olfactives d’un air marin et les colorations d’une bruyère abondante. Mais force sera souvent d’admettre l’inexistence d’un décor précis, et parfois même une sorte d’évanouissement d’un thème supposé principal ; parler de la mer consisterait peut-être à décrire l’arrivée à terre, et parler de la terre serait de promouvoir des cours d’eau qui se jettent dans la mer.

 

Dans les faits, on aimera reprendre toutes les précautions oratoires de Jean Markale, dans le septième chapitre intitulé « L’ancienne poésie d’Irlande », de son ouvrage « Les celtes et la civilisation celtique », Ed Payot 1969 : l’esprit créatif des bardes et autres poètes celtes ne se laisse enfermer dans aucun procédé normatif bien précis ; et il ne permet surtout pas l’analyse des exégètes, qui savent dire que, dans l’Iliade du poète Homère, le char du vaillant Hector doit se représenter à la manière d’un quadrige.

 

Dans les faits, on se gardera de croire que les formes d’esprit celtiques soient bien adaptées aux transcriptions univoques qui font des certitudes cartésiennes. Les uns verront, dans la transcription d’un « Mabinogi » britannique, les références à des vrais guerriers qui ont permis de nouveaux fondements celtiques ; les autres y verront surtout par quels besoins une opposition fut déclarée à l’encontre d’une autorité un peu impérialiste. Les uns aimeront le souvenir d’une époque précise, tandis que les autres apprécieront l’esprit des promesses d’un progrès, qui se dessine encore et toujours.

 

Et l’on pourra certainement se délecter d’une illustration faite ici ou là des échancrures d’un littoral bien identifié, en considérant toutefois les très authentiques métamorphoses qui peuvent se rapporter aux différentes conditions de marées et de météorologie.

 

En définitive, les grands thèmes celtiques seront certainement identifiables sous une forme ordinaire qui est la leur depuis des temps anciens, à la manière des aspects principaux d’un littoral correctement connu ; mais force sera d’admettre l’évolution du littoral et de ses échancrures au cours du temps, et force aussi de reconnaître des thèmes celtiques à travers l’essence d’une appréciation poétique, qui sera plus large que ce en quoi la stricte démarche d’analyse des exégètes pourra prétendre.

 

Car il convient de parler de la puissance créatrice des bardes et autres poètes celtes, en des termes audacieux et débridés pour les uns, ou d’une superbe liberté intellectuelle pour les autres, mais d’une incontestable teneur aux yeux de tous, dans des capacités à intervertir différents effets littéraires, entre choses connues et choses particulièrement originales : attribuer des intentions très certaines, internes à un monde animalier, peut en être un bon exemple, dont le classicisme gréco-romain n’était pourtant pas avare.

 

Il est finalement essentiel de reconnaître, dans le monde celte, des capacités d’adaptation aux faits nouveaux, et d’y voir l’écho d’un bon accueil du progrès, lequel se dessinera encore et toujours dans des ajustements en cours de définition : ce fut l’exemple, mentionné par Jean Markale, de la christianisation partie d’Irlande pour rayonner largement dans l’Europe Moyenâgeuse, et ce sera encore d’autres exemples de demain.

 

Se pose ainsi le fait des thèmes celtiques promis à une valeur indubitable dans notre monde d’aujourd’hui : on y mettra bien naturellement des formules d’osmose et de coexistence volontaire à maintenir entre les humains et des réalités animalières en général ; on y mettra aussi toutes les subtilités des échancrures d’un littoral capable de se métamorphoser au gré du temps et des marées.

 

Et on voudra considérer comme significativement inspirants quelques exemples de vie végétale, parmi lesquels cette splendide forêt de hêtres, dans le parcours vallonné de la rivière du Scorff, dans les environs du Faouët, dans l’arrondissement de Pontivy, dans les limites imprécises du Finistère et du Morbihan : on pense que des faits de pure magie y sont possibles, par l’entremise de créatures exceptionnelles, certes bien cachées, etc…

 

Les uns chercheront une improbable nostalgie, comme dans le roman du gallois Richard Llewellyn, intitulé « qu’elle était verte, ma vallée », et publié vers 1930. Mais les autres voudront voir les avantages qui se présentent, à prendre en compte la richesse d’un environnement, que nous ne pouvons simplement pas connaître dans tous les détails.

 

Les exégètes pourront donc travailler à leur guise cette formule « de l’entremise de créatures exceptionnelles », à défaut d’identifier un décor bien précis dans les limites du Finistère et du Morbihan, à mi-parcours de là où finit la terre et de là où se trouve aussi une petite mer.

L’eau, la terre, l’air et le feu
c13artistique - l’eau, la terre, l’air et le feu pour que la vie s’organise dans une localité où il fera bon vivre

 

Il y a, dans les mythologies tout autant de la Grèce Antique que de l’univers celtique, toutes sortes de choses propices à de grandes libertés de commentaires. On aimera mentionner l’habileté à travailler les métaux, autant du côté du champion grec Héphaïstos, que du côté du celte Toutatis dit aussi Teutatès : on y verra une habileté relative à un monde en constante évolution, considérant pour époque possible celle du Colosse de Rhodes, modèle de modernité, certes baroque, au regard des vestiges de Stonehenge.

 

On inclura, dans le travail des métaux, la production de toutes sortes de couteaux : on y verra même les prolongements d’un commerce d’allures diverses. On voudra reprendre une scène de vie qui conclut ainsi les dernières strophes du premier chant de l’Iliade : « Héphaestos, le fameux artisan, prend alors la parole, afin de consoler la déesse aux bras blancs, l’auguste Héra, sa mère : "Ah ! quelle triste affaire et dure à supporter, si vous vous querellez ainsi pour des mortels, et menez tapage dans le ciel ! Il n’est plus de plaisir à faire bonne chère si le pire l’emporte […]" Soudain, les Bienheureux sont pris d’un rire inextinguible, en voyant Héphaestos s’affairer dans la salle. Tout le jour, du matin jusqu’au soleil couchant, ils restent au banquet, et leur cœur ne saurait se plaindre du festin. »

 

Dans le travail des métaux, on aimera aussi mentionner de nombreux bibelots à Ephèse, visant à glorifier le culte de la déesse Artémis : des bibelots dont le thème ferait comme une affaire presque principale, dans le message chrétien de « la Lettre aux Ephésiens », ainsi porté par l’apôtre Saint Paul. Toutes choses comparables pouvant être discutées, ou même indirectement rapportées à des questions agricoles, on pourra se saisir aussi des récits d’une autre christianisation, menée par Parsifal ou Perceval le gallois, dans les contextes annoncés d’un « Mabinogi » britannique, suivant l’étude présentée dans « celtic mythology » de W. Rutherford, Ed HarperCollins 1987.

 

On trouvera donc ce qu’il faut, de manifestations anecdotiques, pour étayer cette certitude, par laquelle la maîtrise du feu est aussi un élément marquant dans l’essor du monde civilisé ; le travail des métaux y participe en traversant les âges qui se suivent ; l’affaire du feu se considère à l’échelle des foyers depuis toujours, que le foyer soit domestique, ou qu’il soit presque comparable, par le bruit et l’odeur, à l’antre d’un effroyable volcan.

 

Rien de ceci n’échappe à un univers celtique : les formes peuvent être diverses, mais les fondements demeurent de tous côtés. On souhaitera certainement retrouver cette capacité à bâtir les fondements d’une nouvelle bourgade où il fera bon vivre : on reconnaîtra en particulier le soin méthodique à choisir un cours d’eau aux multiples fonctions, dans un environnement naturel qui sera propice à quelques activités agricoles ; et la force hydraulique du cours d’eau trouvera son utilité pour des moulins, même rudimentaires.

 

Cette orientation des premières machines agricoles est effectivement bien enracinée dans les éléments marquants du monde celtique : on peut encore la vérifier sur place, l’ayant repérée sur des données cartographiques ; il en est ainsi, entre Finistère et Morbihan, de l’exemple de la localité de Pont-Scorff sur la rivière du Scorff, ou de celle de Pont-Aven sur la rivière de l’Aven ; mais aussi, du Pays de Galles, de l’exemple de la localité de Pont-y-Pool près de Cardiff. Il ne s’agit certes pas d’une particularité exclusivement celtique, mais on aimera y voir toutefois quelques développements spécifiques.

 

Notamment, on aimera expliquer concrètement cette alliance des quatre éléments que sont l’eau, la terre, l’air et le feu : il faut la réunion pérenne de ces quatre éléments pour que la vie s’organise correctement dans une localité où il fera bon vivre, comprenant bien que, là où par exemple on manquera d’air, on ne pourra pas s’organiser comme voulu. Et ce sont les manières de célébrer cette réunion pérenne qui prennent une forme celtique.

 

Les uns voudront que mention soit faite à des hommages précis, en égard à des célébrations d’une époque aujourd’hui bien révolue, conformément à certaines références produites par Jean Markale, dans le douzième chapitre intitulé « mythologie celtique », de son ouvrage « Les celtes et la civilisation celtique », Ed Payot 1969.

 

Les autres voudront saluer au contraire des manifestations encore bien vivantes, que sont des "festou noz" ou fêtes de nuit, dont l’esprit créatif reste même une authentique réalité, dans certaines soirées d’hiver, par exemple dans les environs de Pont-Scorff : on appréciera des formes en constante évolution, et à l’ambiance envoûtante comme celle du passage du barde Alan Stivell et de sa harpe celtique, accompagnés du très fougueux guitariste moderne Dan Ar Braz, dans la salle parisienne de l’Olympia en février 1972.

 

On aimera surtout témoigner de ce goût pour des manifestations festives aux fortes sonorités, ouvertes à un grand nombre de participants et de participantes aux belles parures : l’occasion d’une noce en est souvent l’argument, et le partage d’un festin en présente alors la marque d’une vraie générosité. Ceci n’est en rien le fait d’une époque révolue. Au contraire, il vient même cette envie de maintenir encore le feu sacré de cette joie de vivre collective, associée aux meilleures occasions d’un grand banquet.

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Parler de Brian, ou comment espérer prendre l’air
c13artistique - parler de Brian ou comment espérer prendre l’air simplement

 

On remarque que de multiples analogies peuvent se présenter entre mythologie celtique et mythologie grecque, la première d’entre elles pouvant être un aspect culturel capable de perdurer de nos jours à travers diverses productions artistiques clairement stylisées. Mais un classicisme gréco-romain pourra aussi apparaître comme une sorte de carcan un peu étouffant, là où des libertés d’appréciation restent naturelles dans un univers celtique.

 

En particulier, on voudra considérer comme un fond documentaire, certes intéressant, les références produites par Jean Markale, dans le douzième chapitre intitulé « mythologie celtique », de son ouvrage « Les celtes et la civilisation celtique », Ed Payot 1969 : pour autant, il s’agit de connaissances qui n’engagent pas la personne créatrice, soucieuse de restituer aujourd’hui l’atmosphère vivifiante de cette terre qui combine les généreux pommiers et la folle bruyère.

 

On trouvera donc une matière narrative bien consistante dans la genèse des aventures irlandaises de Pryderi le gallois, fils de Pwyll et de Rhiannon : on pourra très librement modeler sous d’autres traits un caractère occasionnellement tumultueux, dans un monde aux aspects souvent imprécis et profondément changeants ; et l’essentiel sera encore de détailler tout ce qu’il convient des généreux pommiers et de la folle bruyère.

 

Pour preuve, on voudra parler de Brian, un très discret, et très irlandais, compagnon de route de Pryderi le gallois : assurément, la liberté devient très grande de produire ici des choses bien inédites, au motif que les routes se sont croisées un jour, à un croisement où les chemins se sont présentés un peu comme des serpentins qui s’enroulent les uns dans les autres ; Brian et Pryderi n’étaient jamais loin l’un de l’autre, et pourtant peu souvent ensemble suivant les choses connues.

 

Et pour s’en tenir à des choses nullement connues, il convient de décrire cette situation par laquelle Brian, alors vieillissant, a rencontré bien incidemment la Diane de Poitiers, éternelle jeunesse sur laquelle le temps n’a aucune prise. On dit qu’il s’agit précisément d’un ouvrage de 1550 du sculpteur Goujon, qui veut représenter la déesse chasseresse appuyée sur un cerf ; mais un modèle plus ancien, dans le même appareil impudique, s’était trouvé, déjà bien auparavant, sur le chemin de Brian.

 

Ceci s’est produit un jour où Brian ne demandait rien d’autre qu’à pouvoir marcher tranquillement pour prendre l’air, par une belle journée printanière, là où des pommiers faisaient quelques merveilles. Par son âge respectable, Brian avait aussi une part du savoir sur des petits miracles ordinaires, ou comment, lors de la floraison, les constituants des étamines d’un pommier ne sont fertiles que pour les fleurs d’un autre pommier, en bonne considération de la diversité naturelle et des grands principes universels.

 

Ce jour-là, Brian avait surtout l’œil, et le bon, sur l’apparition des toutes jeunes pousses, sur ces belles métamorphoses bien prometteuses, qui transforment des pépins de pomme en nouvelles créations lors de l’apparition des beaux jours, donnant bonne allure à des radicules, ou jeunes racines, à des gemmules, ou jeunes tiges, et à de toutes petites feuilles de nouvelles plantules : le printemps est le moment propice pour admirer un jardin sous un jour totalement nouveau.

 

Tout à son affaire sur l’avenir des meilleures productions fruitières, Brian sentit soudain que le regard de la Diane venait de se poser indistinctement dans sa direction : il s’agit de parler aussi des effets qu’un nouvel agencement peut produire dans l’organisation d’un jardin ; et cette sculpture d’une déesse gréco-romaine était peut-être installée là d’une manière très temporaire.

 

D’un côté, Brian était bien en mesure de savoir comment, depuis les faits et gestes de Jules César, tous les chemins mènent à Rome, surtout dans une installation temporaire. D’un autre côté, il y avait l’ensemble du contexte, que l’on pouvait résumer au choix, d’un bel alexandrin « Comment ! Couvrez ce sein que je ne saurais voir », ou d’une toute autre manière, pour que l’apparition ne fût que temporaire.

 

Brian se trouvait donc, chemin faisant dans son appréciation des futures productions fruitières, à devoir prendre un air de circonstance face à la déesse chasseresse appuyée sur un cerf : profiter d’une belle journée printanière pour s’aérer après les longues nuits d’hiver pouvait effectivement prendre des tournures inattendues.

 

Cette Diane de Poitiers était décidément une dame bien singulière, qui présentait trop hardiment un air de jeunesse sans en avoir l’air. Car à essayer de tromper l’ordre des choses qui est de vieillir tous ensemble, elle s’excluait elle-même des grands principes connus de Brian, par lesquels un fruit bien mûr fournira les saveurs passagères et volatiles d’une liqueur, fort délicieusement prisée pour s’endormir lors des longues nuits d’hiver.

 

Cette Diane de Poitiers d’éternelle jeunesse, dans son appareil impudique, se présentait donc dans tout l’anachronisme de cette journée printanière, normalement consacrée au prochain avenir des productions fruitières : l’appréciation de ce qu’il convient des petits pépins pouvait même en être obscurcie d’une certaine manière.

 

La situation qui était celle de Brian, d’espérer marcher tranquillement à son âge respectable, pour prendre l’air simplement, suivant l’ordre des choses qui est aussi de prendre le temps tel qu’il se présente, s’accommodait somme toute assez peu de cette sorte de manifestation d’une déesse gréco-romaine : elle ne manquait pas d’air ; mais il perdait du temps, l’air de rien ; si ce n’était peut-être pas l’inverse de l’effet voulu, etc…

 

Il fit donc en sorte que l’on oublia ce modèle ancien, et que l’on préféra toute chose propice à de nouvelles petites plantules, dont les futures ramifications inspireront aussi des présentations très intéressantes, sans omettre quelques précisions d’importance sur la folle bruyère.

Des investigations supplémentaires
c13artistique - investigations supplémentaires sur une indépendance d’esprit relative à toute affaire organisée à Rome

 

Que Brian, discret compagnon de route irlandais de Pryderi le gallois, n’entende rien de bien fameux aux affaires de Jules César en général, cela ne devrait offusquer personne. Que les promesses des futurs pommiers l’intéressent largement plus que les charmantes sculptures à la gloire d’un passé gréco-romain, cela devrait pouvoir s’expliquer aussi. On aimera toutefois approfondir un peu les manières de se trouver face à une Diane chasseresse dans un jardin de pommiers, sans mettre en doute les conclusions voulues.

 

D’un côté, on peut concevoir l’envie de se projeter prioritairement dans l’avenir des meilleures productions fruitières, afin de laisser aux générations futures toute liberté dans l’usage qui pourra leur apparaître des choses et d’autres. D’un autre côté, il existe aussi des textes extrêmement irréfutables, qui établissent comment, sous d’autres cieux et à une toute autre époque, des choses se sont aussi passées bien différemment.

 

On voudra donc aborder, avec toute la retenue appropriée, le thème du christianisme, dont le génie fut par ailleurs célébré par le poète Chateaubriand : on aimera comprendre cette indépendance d’esprit relative à toute affaire organisée à Rome en général, jusqu’aux réalités chrétiennes en particulier.

 

Car il convient de se représenter des superbes monastères en Irlande, depuis les temps anciens de Saint Colomba dans le Donegall et de Sainte Brigitte à Kildare, dans une optique insulaire bien différente de ce qui fut celle de Saint Martin, évêque de Tours : des libertés et des particularismes trouvaient leurs marques, en particulier dans le jour réputé convenable pour célébrer Pâques ; le clergé du royaume franc reconnaissait l’autorité de l’évêque de Rome bien mieux que ne le faisait le clergé celtique de son côté.

 

De toute évidence, les représentations romaines sont entourées d’un prestige bien inégal, suivant que l’appréciation des affaires en latin est une chose plus ou moins réalisable dans les faits. L’éventualité d’une Diane chasseresse dans un jardin de pommiers souffre d’une bien faible crédibilité dans une optique irlandaise : les communautés chrétiennes celtes s’activaient dans une assimilation des anciennes fontaines druidiques, propices aux baptêmes, plutôt que dans les réminiscences d’un vieux chasseur méditerranéen.

 

Pour approfondir un peu les manières qui conviennent aux oreilles irlandaises, un récit un peu mélodieux devra introduire les louanges et les actions de grâce dédiées à Sainte Brigitte et à Saint Colomba, connus pour leurs œuvres monastiques, respectivement à Kildare en l’an 520 et dans le Donegall en l’an 560 : plusieurs références s’accordent sur cette catégorie de données datées, commençant par « le Grand Guide d’Irlande », coll. Bibliothèque du Voyageur, Ed. Gallimard 1988.

 

Le travail monastique revêt une très grande importance dans l’essor d’une christianisation partie d’Irlande et qui a essaimé en de nombreux endroits européens : on atteste par exemple du passage de Saint Colomban, moine irlandais un peu homonyme et très contemporain de Saint Colomba, dans la formation des monastères de Luxeuil et de Saint-Omer. Le rayonnement du clergé celtique justifie un chapitre complet, sous la plume de Jean Markale : chapitre intitulé « l’Eglise chrétienne celtique », dans l’ouvrage « Les celtes et la civilisation celtique », Ed Payot 1969. 

 

Pour un compagnon de route de Pryderi le gallois, bien des références de cet ouvrage de Jean Markale constituent une formidable vision du monde, en particulier dans le chapitre intitulé « l’Ile de Bretagne », décrivant si bien l’esprit de résistance à l’envahisseur romain. Dans cette optique, on voudra retenir l’exemple emblématique de Caratacos, meneur d’une révolte des bretons, mis en prison sept années à Rome, puis gracié par l’empereur Claude vers l’an 50 après J-C, selon des récits attribués à l’homme de lettres Tacite.

 

En même temps, une autre référence, prise dans le « Mabinogi – le Livre Rouge », vante l’exceptionnelle bravoure du gallois Caradawc, fils de Brân, fait prisonnier des romains par pure traîtrise : son nom est entré dans la légende, et son prestige est devenu à ce point important qu’il sied même de le représenter « parmi les chefs des vieillards dans chacune des cours du roi Arthur » ; on comprendra qu’une vraie légende mette quelques siècles à prendre forme, surtout dans un « Mabinogi » rédigé longtemps après. Et l’essentiel reste de se définir dans l’insoumission de principe par rapport à tout ce qui se décide à Rome.

 

Il n’est pas impossible qu’une lignée de rois Arthur se soit illustrée sur plusieurs générations, le premier du nom étant fils d’Uther et de la belle Ygerne. Réunissant à sa table de nombreux chevaliers celtes, le roi Arthur livrait des batailles contre tous et contre les saxons, jusqu’à cette bataille de Camlann vers l’an 537 où son cousin Medrawt et lui s’entretuèrent, faisant ainsi l’affaire des saxons qui s’installaient en Grande-Bretagne.

 

D’un côté, on peut croire que, aux environs des années 1130, le gallois Geoffroy de Monmouth a traversé des moments d’intense perplexité, pour établir les bases de son ouvrage « Historia regum Britanniae », œuvre d’historien en langue latine, mettant de l’ordre et de la cohérence dans ce qui transparaissait antérieurement dans des sources très disparates. D’un autre côté, il obtint les faveurs du bon sire Henri de Plantagenêt devenu Henri II roi d’Angleterre : les mérites du roi Arthur étaient officiellement proclamés, et les saxons remis à leur place par la bataille de Hasting advenue en l’an 1066.

 

Mais parmi les réalités particulièrement tangibles, on s’intéressera à la petite cathédrale Sainte Brigitte située dans le bourg de Kildare près de Dublin : plusieurs références s’accordent sur le principe d’une première édification en 1229 ; et l’hommage à Sainte Brigitte, bien vivant en Irlande, se maintient dans un édifice régulièrement restauré depuis.

 

Il reste dans tout cela une authentique indépendance d’esprit par rapport à tout ce qui se décide à Rome : les fastes d’une époque élisabéthaine n’y ont même rien changé. Très concrètement, et indépendamment des incomparables lumières romaines, on préfèrera toute chose propice à l’avenir des meilleurs pommiers, dont les futures ramifications inspireront de belles présentations.

 

© mars 2017 c13artistique

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