top of page

Poésie des Contes

de Charles Perrault

des effets de poésie
(concernant les Contes de Charles Perrault)
voir
aussi

 

 

Il serait bien hardi de déclarer que les Contes de Perrault ne relèvent d’aucune sorte d’observations ; et il ne sera que de prendre l’exemple de Peau d’Âne, pour établir que des constatations bien factuelles s’imposent, dans un registre connu par ailleurs comme un vrai monument de poésie.

Par opposition à l’histoire du Chaperon Rouge qui se présente dans plusieurs versions, en particulier la version française de Perrault et la version allemande des frères Grimm, l’exemple de Peau d’Âne ne souffre d’aucune querelle sur l’authenticité de la présentation d’origine, pure poésie en vers dans le meilleur usage de la langue française du XVIIe siècle.

Mais il est permis de prendre en considération des versions cinématographiques ayant valeur de référence : pour l’exemple de Peau d’Âne, la mise en scène féérique réalisée par Jacques Demy en 1970 nous fournit un monument de poésie dans le meilleur usage de la langue française contemporaine.

de la couleur du temps
et du soleil bien évidemment !
 du Conte Peau d’Âne de Charles Perrault

Les mots appropriés à la perception d’un récit de nature féérique restent bien évidemment discutables au sens de ce qui se conçoit normalement dans notre vie quotidienne : ce décalage se présentait comme un élément observable dès la version d’origine de Peau d’Âne, personne n’ayant croisé une fée du vivant de Charles Perrault.

En référence à l’édition des Contes, Ed. J-C Lattes 1987, qui reproduit celle de 1695, le texte de Peau d’Âne fait état des soucis d’une jeune princesse dans ce genre de mots, pour traduire comme suit, à peu de choses près, les maux d’une jeune fille, par rapport aux attentes de son père :

[,,,]
¤ de mille chagrins l'âme pleine,
¤ elle alla trouver sa marraine :
¤ c'était une admirable fée
¤ de nacre richement étoffée
[,,,]
¤ « Je sais, dit-elle, en voyant la princesse,
¤ je sais ce qui vous fait venir ici,
¤ je sais de votre cœur la profonde tristesse,
¤ mais n'ayez plus de soucis !
¤ Dites à votre père qu'il vous donne,
¤ pour rendre tous désirs contents,
¤ et que votre cœur s'abandonne,
¤ une robe de la couleur du temps !
¤ Malgré son pouvoir et sa richesse,
¤ il ne pourra jamais tenir promesse »
[,,,]
¤ Aussitôt la jeune princesse
¤ alla le dire à son père en tremblant,
¤ qui dans le moment fit entendre
¤ aux tailleurs les plus importants
¤ de faire sans trop attendre
¤ une robe de la couleur du temps !
[,,,]
¤ On apporta la robe désirée
¤ du plus beau bleu de l'Empyrée !
¤ De joie et de douleur l'infante pénétrée
¤ ne sait que dire ni comment
¤ se dérober à son engagement !
¤ « Princesse, demandez-en une,
¤ lui dit sa marraine tout bas,
¤ qui, plus brillante et moins commune,
¤ soit de la couleur de la Lune,
¤ il ne vous la donnera pas »

Que l’on ne s’étonne pas, dans les prémisses d’un conte, que les bonnes affaires ne se présentent pas : les pouvoirs d’une fée sont aussi ceux de ne pas bien expliquer par quels prodiges les bonnes conclusions pourront s’envisager !

Et pour le spectateur de la version cinématographique réalisée par Jacques Demy en 1970, il est totalement loisible de s’émerveiller sur le résultat visuel approprié à quelque chose comme « le plus beau bleu de l'Empyrée ». Au demeurant, on retient aussi, comme suit, le dialogue qui correspond, dans cette version, à la demande faite au tailleur :

- une robe de la couleur du temps !
- couleur du temps ? mais quel temps ?
- beau temps, évidemment !
- Ah! je n'aurai jamais le temps...

Les mots qui fournissent la perception des difficultés pourront bien faire l’objet de fortes disputes : il conviendra d’observer que les fortes disputes ne changeront rien aux vraies difficultés, là où elles sont, et là où elles se trouvent !

En l’occurrence, et pour s’en tenir aux maux d’une jeune fille, dont nul ne pourra croire qu’une jolie robe suffira en soi à produire quoi que ce soit correctement, il conviendra nécessairement d’accepter, pour commencer, de bien prendre le temps comme il vient, comme il est, et comme il passe : il y a cette réalité au départ, que la jeune fille ne peut refuser.

des meilleures couleurs
pour l’histoire de Peau d’Âne
 Des meilleures couleurs  pour l’histoire de Peau d’Âne

(quelle serait donc la couleur de l’espérance ?)

 

En référence à l’édition des Contes, Ed. J-C Lattes 1987, qui reproduit celle de 1695, le texte de Peau d’Âne fait état des tournures suivantes qui s’imposent à une jeune princesse, pour bien marquer qu’un conte de fée peut présenter quelques chapitres aux colorations d’un genre épique :

[,,,]
¤ Sa Marraine lui dit à l’oreille :
¤ « Est-ce une si grande merveille
¤ que tous ces dons que vous en recevez, 
¤ tant qu’il aura l’âne que vous savez
¤ qui d’écus d’or emplit sa bourse ?
¤ Demandez lui la peau de ce rare animal
¤ comme il est toute sa ressource ! »
[,,,]
¤ La peau fut galamment aussitôt accordée,
¤ que l’infante l’eut demandée.
¤ Cette peau quand on l’apporta,
¤ terriblement l’épouvanta
¤ et la fit de son sort amèrement se plaindre.
¤ Sa Marraine survint et lui représenta
¤ que quand on fait le bien on ne doit rien craindre.
[,,,]
¤ « Pour vous rendre méconnaissable,
¤ la dépouille de l’âne est un masque admirable.
¤ Cachez-vous bien dans cette peau.
¤ On ne croira jamais, tant elle est effroyable,
¤ qu’elle ne renferme rien de beau »

Que l’on ne s’étonne pas, dans des effets supposés effroyables, que la peau d’un âne conduise à quelques nécessités : les préjugés auraient, pour la tromperie, ce que les beaux habits auraient pour l’artifice des meilleurs spectacles ; il s’agit simplement de traduire, en quelques mots, que l’apparence des choses convenues s’observe plus facilement qu’une réalité dans son entier.

Et pour le spectateur qui ne voit plus que le masque de l’animal, il est totalement loisible de partager la véritable valeur des effets qu’on ne doit pas craindre : il s’agit en fait de l’intérêt à intérioriser les valeurs de l’espérance, plutôt que de s’en tenir à des affichages et à des apparences.

des effets de poésie
(concernant les Contes de Charles Perrault)
voir
aussi

 

© mars 2017 c13artistique

créé avec Wix.com

  • Twitter Classic
  • Facebook Classic
bottom of page