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quelques données

des contes de Perrault

Des Contes
de Charles Perrault
 Des meilleures couleurs  pour l’histoire de Peau d’Âne

Des meilleures couleurs

pour l’histoire de Peau d’Âne

Quelques données liées à...

Il est permis de prendre en considération diverses versions des contes de Charles Perrault : elles ont en commun de porter un style, qui n’est ni celui des contes provençaux d’Alphonse Daudet, ni celui des fables de Jean de la Fontaine.

Parmi les données qui contribuent à un style, on peut mentionner la formule « Il était une fois… ». La question du choix des mots, pour le commencement d’un récit, porte un aspect qui n’est certes que formel : le lecteur peut ressentir la curiosité, ou l’incrédulité, de savoir si le récit tiendra vraiment ses promesses.

Parmi les éléments de poésie supposés attendus par un lecteur d’un conte de Perrault, on doit considérer le prodigieux débordement d’imagination dans toutes sortes de petits détails : ce sont de nombreux petits éléments qui, pour la plupart, n’ont pas un caractère véritablement dimensionnant dans le déroulement du conte, comme de savoir un lien précisément entre six laquais et six lézards autour du carrosse de Cendrillon.

Au demeurant, l’identification des détails qui auront un caractère dimensionnant dans le déroulement d’un récit est une difficulté strictement conforme aux vraies observations qui peuvent être faites dans des situations bien réelles. Ainsi se pose un petit exercice de style : celui de décrire quelques données typiques des contes de Perrault…

 

quelques données liées à Cendrillon
la féerie dans le style de Cendrillon

la féerie dans le style de Cendrillon

(ne pas songer à l’opération magique

"inversion des couleurs" concernant cette image)

Ancre SC1
La petite affaire du carrosse qui permet à Cendrillon de se rendre au bal du grand soir.

Cette petite affaire est étroitement liée à l’intervention d’une fée, sans laquelle les conclusions heureuses seraient bien improbables : quelques comparaisons seraient parfaitement judicieuses entre le conte de Cendrillon et celui de Peau d’Âne.

En référence à l’édition des Contes, Ed. J-C Lattès 1987, qui reproduit celle de 1695, le texte fait état des manières magiques produites comme suit, à peu de choses près, pour sortir Cendrillon d’un regrettable embarras : « Hé bien, dit la fée sa Marraine, je te ferai aller au bal. Va dans le jardin et apporte-moi une citrouille. » Cendrillon alla aussitôt cueillir la plus belle qu’elle put trouver, et la porta à sa Marraine, ne pouvant deviner comment cette citrouille la pourrait faire aller au bal. Sa Marraine la creusa, la frappa de sa baguette, et la citrouille se changea en beau carrosse tout doré.

Si diverses occasions se prêtent à considérer des métamorphoses, il en existe de vraies observations dont les références sont incontestables. Il y a par exemple le fait naturel de la chenille qui se transforme en papillon. Il y a aussi le fait social des anciens récits, à la manière du genre littéraire de l’écrivain antique Apulée : ce genre permet notamment de traduire, en quelques mots bien étranges, un fait surprenant par lequel on se sort d’un embarras sans réelle explication.

Le propos n’est peut-être pas celui d’une éventuelle distinction entre le rêve et la réalité. Parmi les choses que je ne peux observer, il y a la face cachée de la Lune, qui est une vraie réalité. Mes capacités de distinction ne seraient peut-être pas entre le rêve et la réalité, mais plus essentiellement entre mon imagination et mes vraies observations : faudrait-il envisager mes capacités à imaginer que j’observe un jour la face cachée de la Lune, tandis que mes vraies observations me permettent de restituer un récit connu, qui peut s’inscrire dans le genre littéraire des Métamorphoses d’Apulée...

S’agissant du conte de Cendrillon, la stricte conformité par rapport à la version de Charles Perrault pourra se mesurer à certains détails : l’exemple de cette petite affaire du carrosse doré est du nombre des détails correctement restitués dans la mémorable production des Studios Walt Disney.

Il se trouve que la version des frères Grimm, par le fait légitime d’une version bien allemande, n’intègre rien des éléments d’une citrouille changée en carrosse. La version allemande fait état des manières magiques permettant, comme suit, à Cendrillon d’aller au bal : alors que sa belle-mère lui pose comme condition préalable de réussir à trier quelques kilos de lentilles en un temps totalement irréaliste, des gentils petits oiseaux, messagers d’une âme bien intentionnée, lui font le travail vite fait bien fait, etc…

Les messagers d’une âme bien intentionnée peuvent très probablement se métamorphoser en gentils petits oiseaux capables d’accomplir un travail vite fait bien fait : le regrettable embarras est effectivement dans tous les cas l’opposition de principe de la belle-mère, et le style littéraire reste globalement conforme aux descriptions concernant les bottes de sept lieues, qui interviennent dans le conte du Petit Poucet, pour se sortir d’un regrettable embarras.

La petite complication à l’issue du bal, et la particularité de la petite pantoufle.

Pour une compréhension correcte du conte, il faudrait peut-être retenir que la chose essentielle est d’observer que Cendrillon participe au bal, malgré l’indigence de ses droits et de ses moyens, et que cette chose lui vaut une petite complication à l’issue de cette soirée.

Naturellement, il convient de savoir que Cendrillon a fait très forte impression au bal : à ce titre, la version de Charles Perrault nous donne l’idée d’une arrivée dans un superbe carrosse doré, etc…

Pour résumer la situation, il n’était pas particulièrement simple pour Cendrillon de s’extraire de sa situation quotidienne pour pouvoir aller au bal, et il n’est pas très surprenant qu’il lui advienne une petite complication à l’issue du bal. Pour le retour à la maison, la version de Charles Perrault n’a pas utilité du superbe carrosse doré.

Les complications ne gagnent peut-être rien dans des explications qui n’en sont pas : il suffit certainement d’imaginer, pour la question « mais que faisais-tu à cet endroit, à cette heure là ? », des explications un peu faibles du genre « et une vraie citrouille comme ceci, etc.. »

La chose essentielle étant que Cendrillon a fait forte impression au bal, les tracas inhérents au retour à la maison restent dans le domaine des soucis ordinaires : il convient, pour Cendrillon, de déplorer la perte des magnifiques petits souliers qu’elle a portés au bal ; toutes les versions s’accordent sur ce détail bien précis, qui revêt un caractère très dimensionnant pour le déroulement correct du récit.

L’importance de ce détail précis donne par ailleurs des occasions de disputes sur l’intitulé exact du conte ; et l’édition des Contes de Perrault, Ed. J-C Lattes 1987, porte sa préférence pour « Cendrillon, ou la petite pantoufle de verre ».

Si la mémorable production des Studios Walt Disney utilise effectivement le détail précis d’une petite chaussure faite en verre, d’aucuns opteraient pour une petite chaussure faite en vair, d’une ancienne terminologie pour désigner une certaine texture très précieuse.

La version de Grimm porte usuellement pour terminologie « die goldene Schuhe », et « die goldenen Pantofflen », qu’on traduira par la chaussure dorée et les pantoufles dorées.

Au delà du choix des mots exacts, l’idée est bien la suggestion d’une chose précieuse, et ceci particulièrement au sens du besoin de bon aloi « de réussir à trouver une chaussure à son pied ».

Au delà des explications bien précises, l’argument principal est donc, pour le prince charmant en possession de la précieuse petite pantoufle, de réussir à retrouver l’élue de son cœur parmi toutes les filles qui seront éligibles à des essais de pur bon aloi ; par ailleurs, chacun saura préciser tels ou tels merveilleux petits détails.

 

Quelques commentaires de l’érudit allemand Eugen Drewermann

Dans la liste très conséquente des ouvrages qui ont été écrits par Eugen Drewermann ces dernières années, on trouvera « Aschenputtel, Grimms Märchen tiefenpsychologish gedeuten » (Cendrillon, interprétations des profondeurs psychologiques d’un Conte de Grimm) Ed. Walter 1993 ; par la même occasion, on trouvera dans cet ouvrage un récit complet du conte dans la version précise des frères Grimm.

Cette version démontre à la perfection qu’il n’y a aucun besoin de l’intervention d’une fée, et ceci ferait l’objet de rapprochements très pertinents par exemple avec le conte du Chat Botté, petit matou d’un vieux meunier, dans l’édition des Contes de Perrault, Ed. J-C Lattès 1987

La mort du vieux meunier, dans le conte du Chat Botté, et la mort de la mère de Cendrillon, dans la version de Grimm commentée par Eugen Drewermann, se présentent comme éléments initiaux fortement marquants pour une histoire à multiples complications, voire à de multiples effets spéciaux pour les amateurs des versions cinématographiques. Les métamorphoses rapportées à un petit matou seraient par ailleurs un sujet à part entière.

Le conte de Cendrillon, dans la version des frères Grimm, met en opposition toute la gentillesse de la mère décédée et toute l’agressivité de la belle-mère bien en vie. Il se présente, pour occasions d’effets spéciaux, les gentils petits oiseaux qui apparaissent en particulier aux moments des recueillements de Cendrillon sur la tombe de sa mère : des occasions où il se fait œuvre d’intercession à plusieurs reprises.

L’importance du surnom, attribué à la jeune fille par sa belle-mère, est strictement identique en français « Cendrillon » et en allemand « Aschenputtel » : ceci se rapporte aux attributions d’une jeune bonne à tout faire, et en particulier à épousseter de son mieux les traces de cendre dans les pièces d’habitation, à une époque où le chauffage au feu de cheminée était très usuel. Par divers procédés, il convient d’imaginer que les demi-sœurs de Cendrillon peuvent avoir plus de perspectives d’avenir que notre jeune bonne à tout faire.

L’ouvrage que Eugen Drewermann lui consacre développe bien évidemment tout ce qui se rapporte à l’espérance et aux perspectives d’avenir. L’ouvrage présente quatre chapitres principaux qui s’intitulent successivement Le Décès de la Mère, Le Cadeau du Père, Le Mariage du Prince et La Quête d’une Identité.

Ce dernier chapitre reprend en particulier le fait du bal, qui est l’occasion pour Cendrillon de réussir à faire bonne impression, dans le contexte de ses besoins de perspectives d’avenir. A l’issue de ce bal, les petites complications, qui prennent l’allure de « vraie citrouille comme ceci etc.. » dans la version de Perrault, portent l’embarras d’un instant de confusion entre deux manières d’apparaître : Cendrillon n’est pas encore l’heureuse élue du prince charmant, mais elle n’est pas non plus l’indigente qui restera prisonnière de sa belle-mère.

Les petites complications à l’issue du bal correspondent à des faits d’hésitation, à un moment où Cendrillon ne sait plus comment elle se présente, ni même ce qu’il va advenir de ses pantoufles dorées.

Au delà des explications bien précises, il y a les difficultés de cet instant de transition, où Cendrillon n’est pas encore prête à se présenter en tant qu’heureuse élue du prince charmant, mais elle sait quand même ne pas vouloir rester l’indigente prisonnière de sa belle-mère. Il se fait ainsi, dans la version des frères Grimm, de nouvelles occasions pour des œuvres d’intercession entre Cendrillon et sa mère.

Il est probable que tout ceci s’entoure d’apparences un peu désuètes : le conte de Cendrillon appartient effectivement aux choses du passé, dans des contextes d’autrefois. Il est certain que tout ceci répond néanmoins à une double exigence : celle de pouvoir développer ce qui se rapporte à l’espérance, en profitant des occasions de promouvoir quelques effets spéciaux.


 

quelques données liées à Barbe Bleue
du style des peurs bleues dans les contes de Perrault

du style des peurs bleues

dans les contes de Perrault

Ancre SC2
La petite mésaventure
qui dégénère en scènes d’horreur

L’édition des Contes de Perrault, Ed. J-C Lattès 1987, qui reproduit celle de 1695, ne se résume pas à la partie intitulée « Les Fées », cette dernière étant probablement en rapport avec des faits naturels tel celui de la chenille qui se transformera en papillon, à la manière de Cendrillon ou de la Belle au Bois Dormant.

Une toute autre partie présente une sorte de musée des horreurs, des ogres à la manière de celui qui se fait finalement mettre en pièces par une ruse du Chat Botté.

Dans ce contexte des horreurs, le personnage monstrueux de Barbe Bleue, riche seigneur possédant de la vaisselle d’or et d’argent, obtient par ruse de se marier avec des jeunes filles dont on sait qu’elles disparaissent l’une après l’autre : il se fait finalement mettre en pièces par les frères de la nouvelle mariée, mais le suspens se veut à la hauteur d’un vrai cauchemar.

L’affaire s’engage à la manière d’une mésaventure comme il s’en produisait d’ordinaire dans des contextes de jadis : « Il était une fois un homme qui avait de belles maisons […]. Une de ses voisines avait deux filles parfaitement belles. Il lui en demanda une en mariage, et lui laissa le choix de celle qu’elle voudrait lui donner »

Une première scène d’horreur prend place quand la jeune mariée chercha à comprendre ce à quoi pouvait correspondre l’interdiction d’utiliser la petite clé dédiée au cabinet au bout de la grande galerie : elle découvrit « que le plancher de ce cabinet était couvert de sang caillé, et que dans ce sang se miraient les corps des femmes que Barbe Bleue avait épousées l’une après l’autre »

Une seconde scène d’horreur se rapporte aux explications concernant cette petite clé si particulière, dédiée au cabinet au bout de la grande galerie. Barbe Bleue soumet la jeune mariée à un vrai interrogatoire : « pourquoi y a-t-il maintenant du sang sur cette clé ? ». Et la sentence glaçante est faite à la jeune femme : « vous avez voulu entrer dans le cabinet : vous irez prendre votre place auprès des dames que vous y avez vues »

Il s’en suivra pour la jeune mariée de vivre une attente interminable, entre l’instant promis de sa condamnation à mort, et l’instant espéré de l’arrivée de ses frères qu’elle fait guetter par sa sœur du haut d’une fenêtre sous les toits.

La formule qui prend place en forme de superbe rengaine cauchemardesque au cours de cette attente est la suivante : « Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? » « Non, je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie »

des considérations sur la peur
par l’érudit allemand Eugen Drewermann

Le conte Barbe Bleue de Charles Perrault n’est pas supposé avoir une transcription germanique, pas plus que le conte Hänsel et Gretel des frères Grimm n’est supposé avoir une transcription française : l’un comme l’autre présentent les mêmes caractéristiques de vieux cauchemars, dont une presse moderne dite « à sensation » ne manque aucune occasion de réactualiser tout ce qu’il faut comme il convient.

Certes, le style particulier de Charles Perrault pourrait se trouver dans la formule « du soleil qui poudroie », car la poudre dans les yeux reste une chose qui n’arrange rien d’une manière générale !

Plus certainement, une donnée incontournable des contes de Perrault et des contes des frères Grimm est aussi de transcrire des vieilles peurs : celles de la jeune mariée de Barbe Bleue en est un exemple bien emblématique, dans des formulations certes un peu anciennes mais voulues à dessein.

Réussir à se faire peur sans qu’il n’y surgisse du mal serait un élément éducatif reconnu dans des situations à préciser, et jouer à se faire peur pourrait même être une composante pertinente des exercices d’évacuation incendie etc…

Vivre dans la peur conduit à toutes sortes de discussions entre des partisans du bon stress et des lanceurs d’alerte contre le harcèlement : des thèmes de sociologie peuvent aussi décrire dans des formulations modernes toutes sortes de situations d’angoisse en se gardant bien de juger d’une pertinence de l’angoisse ressentie.

Car le fait essentiel n’est pas d’expliquer d’où viendrait la peur, mais de considérer que la peur peut survenir et se manifester de façon tangible ; l’exemple en est de la jeune mariée qui souffre de la réponse de sa sœur qui ne voie que le soleil qui poudroie !

Le fait est que la distinction entre imagination et vraies observations peut s’effacer derrière une question plus concrète : une fois que l’angoisse est bien présente, quelles sont les éventualités qui peuvent en découler ?

Sur cet aspect, la thèse de théologie d’Eugen Drewermann porte bien évidemment toutes les bases descriptives par lesquelles toute angoisse trop lourde conduit à un ensemble d’éventualités malsaines. Cette thèse « Strukturen des Bösen » (les Structures du Mal) ne vise pas à expliquer ce qui peut faire peur : la peur est une émotion qui surgit dans des situations qui sont ce qu’elles sont ; la peur se rapporte, d’une manière très générale, à l’existence des situations malsaines dans leur ensemble.

Ce rapport vaut très concrètement d’y opposer ce qui compte pour tout croyant en termes de petites lumières rassurantes dans la nuit noire : pour un théologien, il importe de produire un peu de bien en opposition à l’existence des situations malsaines ; certes, ce qui fait mal présente toutes sortes d’existences tangibles, et la peur en est aussi une manifestation ; mais il importe prioritairement d’y opposer la vertu de l’espérance, malgré le soleil qui poudroie et la nuit qui merdoie.

La particularité de la thèse de théologie d’Eugen Drewermann est de présenter des liens largement plus éclairants que le seul principe « quand je produis du mal, je me fais aussi du mal ». S’il est certes commode de souhaiter ne pas se faire du mal, il reste néanmoins compliqué que je réussisse à ne rien produire de mal. Eugen Drewermann ajoute en particulier le principe suivant : « quand je souffre d’une angoisse, j’encoure le risque de produire du mal ». Et il importe donc d’opposer quelque chose aux fortes angoisses : prioritairement la vertu théologale de l’espérance.

voir aussi :

https://www.universalis.fr/encyclopedie/eugen-drewermann/

 

quelques données...
(concernant les Contes de Charles Perrault)

des effets de poésie

 

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